Le lundi 25 avril, le Commissaire et sa délégation ont été accueillis par le directeur de l'Institut de l’Université panafricaine des Sciences fondamentales, la technologie et l'innovation (PAUSTI), le professeur Gabriel Magoma, qui a fait une présentation générale de la situation actuelle de PAUSTI, tant sur le plan pédagogique que managérial ou infrastructurel. L’institut qui offre des formations en maîtrise et doctorat dans différents domaines, reçoit cette année 120 nouveaux étudiants provenant de 41 pays africains. Prenant la parole, le Commissaire a souligné la nécessité d'engager le secteur privé africain à soutenir l'UPA. Selon lui, la création d'une interface entre le secteur privé et l’UPA par le biais du parrainage d'étudiants, pourrait être bénéfique pour les entreprises du secteur privé, qui pourraient à leur tour exploiter l'expertise de ces étudiants.

Après la réunion avec le directeur, le Commissaire a rencontré le personnel de PAUSTI. Deux représentantes ont pris la parole, chacune respectivement au nom du personnel de PAUSTI et des étudiants de l’institut. Jane Akinyi Aduda, coordonnatrice de la filière mathématiques, représentante du personnel lors de la réunion, a transmis un message fort sur l'engagement du personnel dans la mise en œuvre de l'Agenda 2063 de l'UA, notamment en promouvant un développement centré sur l’humain. Elle a souligné le rôle central de la STI dans le développement du continent et a décrit comment PAUSTI était le lieu idéal pour répondre aux besoins en matière de STI. Elle a également souligné la symbiose entre PAUSTI et son université hôte, la Jomo Kenyatta University of Agriculture and Technology (JKUAT).

Par ailleurs, elle a rappelé l'expérience difficile du COVID-19 et la résistance des Africains à se faire vacciner. Elle a estimé que l'Afrique devait être prête à trouver des solutions africaines aux crises internationales et a terminé en remerciant l'UA d'avoir mis en œuvre le noble projet de l’UPA.

A son tour, Madame Ahouefa Reine Katte, la représentante des étudiants a souligné que l’UPA était très bénéfique pour la jeunesse africaine et a souhaité que ce programme soit durable. Cependant, elle a fait remarquer qu'il aurait été préférable pour les étudiants de voir prolonger leurs bourses, arguant que la pandémie de COVID-19 a entravé certains travaux de recherche. Elle a donc plaidé pour la prolongation des bourses académiques.

Suite à leurs interventions, le Président du Conseil de PAU, Prof. Kenneth Matengu a félicité le personnel de PAUSTI pour son engagement. En ce qui concerne la jeunesse en général, il a souligné la nécessité pour l'Afrique de répondre aux aspirations de sa jeunesse, notamment en matière de formation et d’emploi, meilleurs antidotes aux sentiments de frustration et aux attitudes négatives. Il a ajouté qu’il s’agit là de vrais défis que l'Afrique doit relever et que l'UPA est sur la bonne voie pour le faire. Il a ajouté qu'il est nécessaire d'exploiter le dividende démographique du continent en investissant dans la jeunesse par le biais de l'éducation. Dans cette optique, il a déclaré que l’UPA devrait s’atteler à un travail normatif concernant ses modalités de fonctionnement, développer son caractère unique et se tourner vers l'avenir. Il a poursuivi en saluant la diversité des étudiants en termes d'origine et a soulevé la question de la promotion de l'innovation. Il a terminé en soulignant la nécessité pour les anciens étudiants de réinvestir dans l'université.

A son tour, le Commissaire a également félicité le Directeur et le personnel de PAUSTI pour la réunion qu'ils ont tenue au début du mois d'avril avec la vice-présidente de l'Union africaine, S.E. Dr. Monique Nsanzabaganwa.

Pour sa part, l’UPA a besoin d'être renforcée et pérennisée, ainsi, a-t-il dit, le défi majeur est d'augmenter le financement afin de soutenir l'université. Se référant à la question de la spécificité de l’UPA, il a déclaré que l’université rassemble l’élite de la jeunesse africaine, car seuls les meilleurs sont sélectionnés. Il a également mentionné la dimension panafricaine de l'université. Il a affirmé qu'il fallait rester confiant, car les étudiants qui sont formés mettront en œuvre l'agenda de l'Afrique et construiront l'Afrique que nous voulons, comme le prévoit l'Agenda 2063 de l'UA. Dans cette optique, il a déclaré : "équipons nos jeunes pour qu'ils puissent conduire l'Afrique".

Faisant écho à Jane Akinyi Aduda, le Commissaire a évoqué Amartya Sen, économiste et philosophe indien, et son concept du développement humain, qui consiste à élargir le choix des personnes en les rendant autonomes grâce à l'éducation et au développement des capacités, tout en leur offrant des opportunités et un accès aux infrastructures. Se référant à cet auteur, il a souligné que l'éducation reste un agent d'autonomisation particulièrement puissant.  Selon lui, si les jeunes sont responsabilisés, ils seront des agents du changement. Il a ajouté que les gens devraient se voir offrir des opportunités et un environnement favorable.

Un autre point qu'il a soulevé est la nécessité de s'associer aux autochtones autonomes et au secteur privé, expliquant la valeur ajoutée que ce dernier pourrait apporter à l’UPA. Il a affirmé que les liens avec le monde de l’emploi aideront l’UPA à former de bons innovateurs et créateurs d'emplois. Rappelant la question précédemment abordée sur le recrutement de personnel à long terme à l’UPA, il a souligné la nécessité de les recruter pour que l'université soit pleinement accréditée au niveau international.

Il a en outre conseillé aux jeunes de prendre confiance en eux, car personne ne pourra développer l'Afrique sans les fils et les filles de l'Afrique. Il a donc estimé qu'afin d'enrayer la tendance à la fuite des cerveaux, les jeunes devraient bénéficier de suffisamment d'opportunités, telles que de bonnes institutions de formation, et des infrastructures, ce que l'Union africaine s’attèle déjà à réaliser.

Après avoir rencontré le personnel et les étudiants de l’UPA, le Commissaire s'est entretenu avec le recteur de la JKUAT, Prof Victoria Wambui Ngumi Cette dernière a commencé par présenter l'université sous sa supervision, qui offre des formations en agriculture et technologies innovantes, avec des spécialités de pointe. Elle a également évoqué la particularité des enseignants qui font à la fois des cours et de la recherche. Elle a en outre révélé l'esprit d'innovation de ses étudiants. Faisant référence à la coopération avec le Japon et la Chine, elle a ajouté que la JKUAT est connectée au monde entier par-delà l'Afrique et le monde. Parlant de l'accueil de PAUSTI par la JKUAT, elle a déclaré que c'était une particularité bien connue, même au niveau du gouvernement, car PAUSTI rassemble des étudiants issus de l’ensemble du continent.

Elle a salué le fait que ce brassage culturel contribue à enrichir les étudiants kenyans et l'a considéré comme une force motrice. Le recteur a également reconnu la contribution des étudiants du PAUSTI et du JKUAT dans la lutte contre la pandémie de COVID-19. Elle a révélé qu'ils fabriquaient eux-mêmes des gels sanitaires et des masques. Elle a conclu en réaffirmant le soutien de la JKUAT à PAUSTI et a rappelé la cérémonie conjointe de remise des diplômes riche en couleurs de la JKUAT et de PAUSTI, qui a eu lieu l'année dernière.

À son tour, le Commissaire a confirmé qu'il n'y avait pas de meilleur endroit que la JKUAT pour accueillir PAUSTI, car de nombreuses technologies y sont développées. Il a remercié le recteur pour le soutien accordé à PAUSTI et a mentionné la question de l'accréditation en affirmant que les certificats sont reconnus et co-signés avec la JKUAT. Il a apprécié la collaboration entre les deux institutions et, tout comme le recteur, il a reconnu que l'intégration panafricaine favoriserait la mise en œuvre de la vision prospective de l'Afrique. Le Commissaire a également évoqué la machine solaire développée par les étudiants de PAUSTI et a été heureux de dire au recteur qu'il avait assisté à une démonstration du fonctionnement de cette machine.

D'autres questions ont été soulevées au cours de la réunion, notamment la construction d'une cité universitaire pour étudiants. Le recteur a affirmé que cette question est actuellement à l'étude et qu’un suivi sera effectué dans un avenir proche.

Le Président du Conseil de l’UPA a pris la parole pour féliciter le programme de mobilité des enseignants africains mis en place à la JKUAT et a réitéré son appréciation pour le soutien de PAUSTI.

La délégation de l'UA a quitté la JKUAT avec satisfaction, dans la perspective de renforcer les liens de coopération entre la JKUAT et PAUSTI.

Ms. Claudette Chancelle BILAMPASSI MOUTSATSI| ESTI Department, African Union Commission